Doctorante dans la faculté des sciences sociales et politiques, département de sociologie et anthropologie à l’Université de Mons en Belgique, Rose Ukeci tente de chercher de réponse à la problématique de l’impact de l’exploitation minière dans la province de l’Ituri et du Haut-Uélé sur la dégradation environnementale. Pour y arriver, elle se sert de la «pensée décoloniale» comme approche théorique.
Que retenir de la pensée décoloniale selon elle ?
Reçu par la presse de l’Université du Lac Albert de Mahagi et la Radio Umoja, émettant en territoire de Mahagi dans la province de l’Ituri le 07 aout de l’année en cours, Rose Ukeci a expliqué que pour le cas de sa recherche, la pensée décoloniale vise à déconstruire une certaine domination qu’il y a sur la production du savoir.
« La pensée décoloniale est un courant intellectuel et critique qui remet en question les héritages et les structures issus de la colonisation. Ce qui m’intéresse c’est le côté épistémologique de ce courant. Pour moi, c’est la déconstruction d’une certaine domination qu’il y a sur la production de la pensée. C’est parti d’une expérience personnelle. Je suis née et j’ai grandi à Kinshasa et je me suis rendue compte que la plupart des livres que nous utilisions, étaient calqués de la colonisation » explique-t-elle.
Mais que retenir de sa recherche proprement dite ?
Rose Ukeci nous a relaté les contours et le challenge qu’impose sa recherche dans la province de l’Ituri et du Haut-Uélé. Le concept de l’anthropocène locale réfère « à l’impact spécifique des activités humaines sur un environnement local particulier. Cela inclut les changements dans les écosystèmes locaux, les modifications des paysages urbains et ruraux, et les effets sur la biodiversité locale » fait-elle savoir avant de renchérir que la transition vernaculaire est par contre, un « changement vers des pratiques et des modes de vie plus durables, en s’appuyant sur les connaissances et les traditions locales. Cela implique souvent de redécouvrir et de réutiliser des techniques traditionnelles qui sont adaptées aux conditions locales et qui ont un faible impact environnemental »
Ce qu’il faut retenir de sa descente en Ituri et au Haut-Uélé.
Dans le cadre exactement de sa recherche, elle donne parole aux populations autochtones. Objectif, comprendre le passé et le présent.
« Vous voyez en Ituri et au Haut-Uélé où je travaille, il y a l’exploitation de l’or. En Ituri c’est plus artisanal et au Haut-Uélé c’est artisanal et industriel. J’essaye de voir de voir un peu les différentes dynamiques par rapport à cette dégradation environnementale. Je donne la parole la population pour connaitre leur vécu et savoir comment elle s’en sort. J’essaye aussi de rentrer un peu dans l’histoire pour bien appréhender la situation parce que, ce qu’on pense de l’exploitation minière n’est pas ce qu’on croit. J’ai découvert qu’il y a de mouvement, des spiritualités qui existait pour contrecarrer les stratégies de domination des colons. Ce que je veux comprendre, c’est comment ces mouvements, ces spiritualités favorisaient l’exploitation minière ces moments-là pour ne pas laisser assez d’impact sur l’environnement » relate cette chercheuse
Rose Ukeci reste convaincue de la différence entre les pratiques ancestrales et celles héritées de la colonisation en termes d’impacts sur l’environnement. Sa recherche demeure en cours.
Désiré Uwekmeno